26 novembre 2015

Tempête de bénitier


A l’heure où le peuple français se redécouvre patriote en autre temps que celui d’une victoire de football, le délai de prescription permettant l’avis après l’émotion est loin d’être révolu. Émotion unique sous couvert de pensée unique, nous voilà bien loin de l’entendement kantien émancipant l’esprit des données du sensible faisant de l’homme un être libre doué de raison. Le drame a sclérosé les jugements de tous ceux qui ont légitimement mal à leur pays, peur pour leurs enfants et ne disposent aujourd’hui d’autre choix que de s’en remettre à la protection et l’information de politiques et journalistes dont on devrait pouvoir interroger sereinement la responsabilité dans tout ce merdier. Mais non, il est trop tôt et trop grave, d’ailleurs, même BHL la met en veilleuse, c’est pour dire…

Nous voici donc au croisement contradictoire entre le soutien unanimement mondial du pays inventeur de libertés, blessé dans sa chair, et l’opprobre jetée à quiconque tenterait en ses frontières mal gardées, une appréciation non validée par la conception officielle, élyséenne et bfmesque, nourrie de ce malheur commun autobloquant.

Pourtant les prismes permettant d’envisager la situation sont nombreux et ne se résument sûrement pas à la réduction de barbares barbus bravant la bande à Barack. Ca et là des voix osent proposer d’autres approches qu’elles soient, entre autres, journalistes, militaires ou sociogico-politiques. Cette démarche de pensée indépendante via telle ou telle focale non validée n’est pas sans risque, surtout si l’on est français et sans carte de visite bien fournie, car, alors, le joker magique ad hitlerum transforme illico very presto celui qui cherche à comprendre et expliquer en chantre du complotisme, en pétainiste albinos ou je ne sais quel exterminateur de crevettes bio.

Voilà quelques jours, un petit curé est sorti de son jardin pour soumettre humblement au net sa pensée d’homme de Dieu et s’étonner sans surprise que personne d’autre que lui ne souligne la convergence de la barbarie décérébrée capable du pire au nom d’une foi assassine et de l’invitation à la copulation satanique chantée sur scène par des ados soixantenaires comme en rébellion ombilicale contre tout ce qui suppose un modèle du Bien en cette fange de jouissance immédiate qu’est le modèle libéro-libertaire qui sied si bien à la lâcheté des faux révoltés.

Ouh là ! Mais non enfin ! C’est interdit ! Et d’abord depuis quand la calotte surmonte-t-elle une paire de virilités dont l’usage est censé être prohibé en cas de goupillon choisi ! Oui mais là, c’est différent, il les a sorti par malheur d’âme et non par plaisir. Il n’empêche, la meute a aboyé et saint buzz a exhibé les stigmates réactionnaires du facho.

C’est drôle, des déclarations d’une autre catégorie en terme d’inadmissibilité ne sont en revanche pas objets d’un tel engouement antireligieux alors que l’incitation à la haine, l’apologie du trouble y sont euphémismes et que le sort des poulets carrément mis en péril. Un oubli sans doute.

L’idée du curée est la sienne, c’est celle d’un homme d’église, elle est cohérente argumentée et il a le droit de l’exposer et d’être respecté dans sa démarche, n’en déplaise aux anticléricaux fanatiques gros mangeurs d’ecclésiastiques qui seraient prêts à le pendre sans songer une seule seconde à ses mains sincèrement croisées pour le salut de leur âme haineuse.

Il est apparemment de nos temps plus commode d’être député européen écolo ayant eu inclinaison impunie pour la menotte débraguetteuse, ancien ministre de la culture adepte de tourisme sexuel loin des maisons de retraite ou destructeur de Mamounia que de porter honnêtement soutane tout en osant l’opinion en contexte de deuil.

Alors, sombres obtus intolérants et censeurs, lachez le curé qui a abondamment prié pour les victimes, leurs proches et pour vous-mêmes ! De retour au jardin, il prolongera ses vœux de paix pendant que vous, pauvres aboyeurs à neurone solitaire, exhiberez encore la bave rageuse à la commissure de votre dégoût.



"La messe au pendu"

de Georges Brassens :


Puis, on le vit, étrange rite
Qui baptisait les marguerites
Avec l'eau de son bénitier
Et qui prodiguait les hosties,
Le pain bénit, l'Eucharistie,
Aux petits oiseaux du moutier.
Ensuite, il retroussa ses manches,
Prit son goupillon des dimanches
Et, plein d'une sainte colère,
Il partit comme à l'offensive
Dire une grand' messe exclusive
A celui qui dansait en l'air.
Anticléricaux fanatiques
Gros mangeurs d'ecclésiastiques,
Quand vous vous goinfrerez un plat
De cureton, je vous exhorte,
Camarades, à faire en sorte
Que ce ne soit pas celui-là

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