26 novembre 2015

Sur le pic de l’or et le pic de l’argent


Si vous êtes un investisseur sur les métaux précieux, il faut absolument que vous voyez ce graphique. C’est (à ma connaissance) la première fois de l’Histoire de l’analyse des métaux précieux qu’une telle information a été rendue publique. Un simple coup d’œil à ce graphique suffit à réaliser la grande différence entre les coûts de production des deux métaux précieux.

Les informations présentées par le graphique montrent également que le pic de la production d’or primaire devrait se produire avant le pic de la production d’argent primaire. En revanche, la production d’argent globale devrait enregistrer un pic peu de temps avant la production d’or globale. Ceux qui comprennent la différence seront les plus enclins à développer des stratégies d’investissement prometteuses que beaucoup ignorent aujourd’hui.

Comme je l’ai déjà mentionné à maintes reprises, l’énergie est la clé des métaux précieux. Et ce fait va bien au-delà du pourcentage d’énergie consommé par la production d’une once d’or ou d’argent. Malheureusement, les investisseurs n’ont pas conscience que 90 à 95% de la valeur d’une once d’or ou d’argent est directement liée à la quantité d’énergie consommée sous toutes ses formes et à tous les stages de leur production.

Le travail est une forme d’énergie. Les salaires des membres de la direction sont une forme d’énergie (une énergie hautement qualifiée). Les matériaux consommés par la production d’or et d’argent tirent leur valeur de l’énergie consommée sous toutes ses formes, et à toutes les étapes. Les équipements miniers utilisés dans la production d’or et d’argent tirent également leur valeur de l’énergie consommée par leur manufacture (à toutes ses étapes).

Bien que le marché comprenne que l’énergie représente une grosse proportion du coût de production de l’or et de l’argent, il ne comprend pas que la main d’œuvre, le matériel et les équipements sont tous des dérivés de l’énergie. Même si la main d’œuvre, le matériel et les équipements sont listés comme représentant différents coûts sur les bilans des sociétés minières, ils représentent tous des coûts énergétiques une fois étudiés sous leur forme la plus simpliste.

Ceci étant dit, penchons-nous maintenant sur la différence en termes de consommation de carburant des productions d’or et d’argent. J’ai sélectionné Barrick parce qu’elle est le plus gros producteur d’or mondial, et Pan American Silver parce qu’elle est l’une des plus grosses entreprises de production d’argent. Bien que d’autres sociétés telles que Fresnillo, au Mexique, produisent plus d’argent que Pan American Silver, j’ai pu obtenir les détails de consommation de carburant de Pan American Silver plus facilement, parce qu’ils venaient d’être publiés dans son Rapport de durabilité pour 2014.

En observant le graphique ci-dessous, nous pouvons voir que la production d’or consomme beaucoup plus de carburant que la production d’argent :

 
Selon les chiffres publiés dans les Rapports de durabilité des deux sociétés, Barrick a consommé 20,8 gallons (79 litres) de carburant pour produire une once d’or, alors que Pan American Silver n’a consommé que 0,2 gallon (0,7 litre) de carburant pour produire une once d’argent. Il a donc fallu à Barrick 100 fois plus de carburant pour produire une once d’or en 2014 qu’il n’en a fallu à Pan American Silver pour produire une once d’argent.

Ceci étant dit, laissez-moi clarifier certaines choses. Premièrement, ces sociétés minières ont déclaré leur consommation énergétique dans des mesures différentes. Barrick a par exemple listé sa consommation en giga-joules, et Pan American en mètres cubes. J’ai donc procédé à une conversion en gallons pour pouvoir établir une comparaison.

J’ai ensuite prix la consommation estimée par Barrick pour la diviser par le nombre d’onces produites en 2014. En revanche, je n’ai utilisé que les cinq mines les plus importantes de Pan American Silver pour calculer sa consommation de carburant. Pan American Silver dispose de deux mines supplémentaires (Dolores et Manantial Espejo), qui produisent beaucoup d’or. Ainsi, ces deux mines consomment beaucoup d’énergie, comme toutes les autres mines d’or.

De plus, les revenus obtenus par les mines Dolores et Manantial Espejo de Pan American Silver ont majoritairement été tirés de leur production d’or. Je les ai donc omises pour calculer la consommation énergétique moyenne de l’industrie primaire de l’argent.

Pour ceux qui seraient intéressés par ces chiffres, les voici :

BARRICK 2014

Quantités totales de carburant consommé = 129 millions de gallons

Production d’or totale = 6,2 millions d’onces

Carburant consommé par once d’or = 20,8 gallons

PAN AMERICAN SILVER 2014

Quantités totales de carburant consommé par les cinq mines principales = 3,5 millions de gallons

Production primaire d’argent (5 mines) = 18,4 millions d’onces

Consommation de carburant par once d’argent = 0,2 gallons

Il est vrai que Pan American Silver a produit 26,1 millions d’onces d’argent en 2014, mais souvenez-vous que j’ai dû soustraire les 7,7 millions d’onces produites par les mines Dolores et Manantial Espejo, qui sont principalement des mines productrices d’or et qui produisent de l’argent en tant que sous-produit. 
 
Pic de l’or et pic de l’argent : comment la situation se développera

La question que se posent certainement de nombreux investisseurs après avoir lu les informations ci-dessus est de savoir ce que ces chiffres signifient. C’est une bonne question. Pourquoi ? Parce que je pense qu’elles nous fourniront des indications en termes de stratégies qui ne sont pour le moment pas encore comprises.

L’un des objectifs que j’essaie d’accomplir ici est de vous montrer à quel point l’énergie impactera les métaux précieux, les sociétés minières et l’économie dans son ensemble. En revanche, lorsque je publie un article sur le sujet, personne n’y prête attention. Mes articles sur l’énergie sont lus dix fois moins que mes articles les plus populaires. Et je trouve ça dommage, parce que l’énergie est la clé de la compréhension de l’évolution et du possible effondrement du monde.

Comme je l’ai expliqué récemment, la production américaine de pétrole de schiste a déjà atteint son pic en début d’année. C’est terminé. Pour tous ceux qui croient encore en les mensonges du gouvernement américain sur le sujet… Réveillez-vous. On vous ment.

 

 
Avec le pic du pétrole de schiste dans le rétroviseur, nous devrions bientôt atteindre le pic global du pétrole. Le monde aura bientôt de moins en moins de pétrole d’année en année… et l’industrie minière aussi.

Puisqu’il faut à l’industrie de l’or (en moyenne) cent fois plus de carburant pour produire une once d’or qu’il n’en faut à l’industrie de l’argent, le pic du pétrole impactera l’industrie de l’or bien plus qu’il n’impactera l’industrie de l’argent. C’est pourquoi j’estime que le pic de l’or surviendra avant le pic de l’argent.

Cela ne signifie en revanche pas que la production globale d’argent n’atteindra pas un pic avant la production globale d’or. Pourquoi ? Parce que 70% de l’argent produit annuellement est un sous-produit de la production de métaux de base et d’or. A mesure que la production globale de pétrole atteindra son pic et commencera à décliner, le PIB mondial plongera. Un PIB global en déclin est synonyme d’une activité économique décrue… et d’une demande moindre en métaux de base.

Soit l’industrie disposera de moins en moins de carburant, soit la demande en métaux baissera. Quoi qu’il en soit, le pic de la production d’argent sera la conséquence du pic de la production des métaux de base, et non du pic de la production d’argent primaire. A dire vrai, j’imagine que la production primaire d’argent pourrait augmenter après le pic pétrolier, et ce pour deux raisons :

1) La petite quantité de carburant nécessaire à la production primaire d’argent

2) La flambée du prix de l’argent qui naîtra de l’effondrement des monnaies fiduciaires, et son impact positif sur l’industrie primaire de production d’argent

Bien que de nombreux analystes continuent de défendre les actions minières, seules très peu méritent d’être achetées. Les conseillers financiers de Porter Stansberry sont les grands défenseurs des sociétés de schiste aux Etats-Unis. Mais comme je l’ai dit plus haut, les sociétés de schiste (ou une grande majorité d’entre elles) ne valent rien. Voyez ceci, qui a été publié dans une récente mise à jour de portefeuille de Stansberry :

Pour ce qui concerne le portefeuille Stansberry Alpha, nous allons fermer la position CHK (Chesapeake Energy) et cesserons de couvrir cette action. Nous allons enregistrer une perte de 153% sur la marge (31% du capital à risque) de notre portefeuille officiel.

Je n’ai pas envie de rouler des mécaniques ici, mais si leurs investisseurs avaient prêté attention à mes conseils donnés gratuitement plutôt que de payer une somme farfelus à Stansberry & Associations pour leur donner des conseils d’investissement, ils n’auraient pas perdu 153% de leur argent en investissant sur des actions de schiste sans valeur.

Comprenez-moi bien. Je n’essaie pas de critiquer Stansberry en particulier. Nous aussi, membres de la communauté des métaux précieux, méritons que l’on nous tape sur les doigts pour avoir sous-estimé la durée pendant laquelle la Fed et les banques centrales étaient susceptibles de supporter les marchés et d’influencer les prix de l’or et de l’argent à la baisse. En revanche, acheter des actions qui ne peuvent que baisser est très différent de posséder des métaux précieux qui ne pourront à l’avenir que grimper.

Les investisseurs sur les métaux précieux n’ont pas perdu sur la valeur de leur or et de leur argent physique, à moins qu’ils décident de vendre aujourd’hui. C’est très différent d’un investissement sur des ressources sans aucune valeur qui ne pourront que baisser dans le futur.

Si vous avez compris pourquoi je suis d’avis que les producteurs d’or primaires enregistreront un pic de production avant les producteurs d’argent primaire, vous comprendre que l’industrie minière de production d’argent offre une meilleure stratégie d’investissement dans un environnement de pic pétrolier. Bien évidemment, rien n’est garanti, mais je pense que l’industrie argentifère pourra croître pendant un temps, même après le pic pétrolier.

Je suis d’avis que l’argent deviendra l’un des actifs à posséder à tout prix, à mesure qu’une majorité des actifs papiers et physiques perdront de leur valeur. Les profits des producteurs d’argent primaires seront alors considérables… tout comme le prix de leurs actions. En revanche, si vous souhaitez investir sur des producteurs primaires (par des explorateurs), faites-le avec de l’argent que vous pouvez vous permettre de perdre. Soyez certain de conserver de l’or et de l’argent physique avant de risquer de perdre de l’argent sur des producteurs primaires.

Mon raisonnement est le suivant : si les producteurs primaires que vous achetez se trouvent nationalisés ou mettent la clé sous la porte pour X raison, vous n’aurez parié qu’avec de l’argent dont vous n’aviez pas besoin. Vous dormirez mieux la nuit, et c’est aussi une manière plus intelligente d’investir votre capital.
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