25 novembre 2015

Comment fonctionne la mémoire et les surprenantes implications des troubles mémoriels


Pour la plupart des gens, la capacité à se souvenir est une fonction automatique et il est rare qu'on réfléchisse ou qu'on prête attention au mécanisme de la formation des souvenirs. Et ce jusqu'à l'arrivée d'un problème, les premiers signes d'une défaillance de la mémoire.

La mémoire garde enregistrée notre vie entière et elle modèle notre identité. Quand la mémoire faiblit, on peut avoir facilement l'impression de perdre l'essence même de qui on est.

Comment fonctionne la mémoire

Notre cerveau commence dès notre naissance à se former en se basant sur les interactions vécues avec l'environnement. Par des branchements et la réalisation de nouvelles connexions, les neurones du cerveau enregistrent nos expériences.

Les "enregistrements" emmagasinés dans ces connexions nerveuses constituent nos souvenirs. Chose intéressante, la capacité à créer des souvenirs et à se rappeler des événements passés ne se produit pas immédiatement après la naissance.

Selon le Pr Martin Conway, expert en amnésie infantile, cela explique pourquoi la plupart des gens n'ont pas de souvenirs antérieurs à l'âge de 5 ans environ, ou dans certains cas à l'âge de 3 ans.

Il fait des recherches sur l'événement-clé ou le changement qui survient permettant finalement aux enfants de se souvenir du passé.

Les tests pédiatriques pour estimer une auto-identification – l'aptitude de l'enfant à comprendre qu'il est un individu séparé des autres – et les tests conçus pour évaluer la mémoire, révèlent un aperçu fascinant.

Avoir conscience de son identité est l'ingrédient essentiel pour la formation de souvenirs autobiographiques. Ce type de mémoire est cependant différent de la mémorisation par cœur ou de la mise en mémoire des faits et données.



Vivre sans souvenirs

Le film met en scène John Forbes [dans la vidéo en anglais de 45 mn présentée en tête de l'article original]. Il a aujourd'hui 30 ans, il est né prématurément et son système mémoriel ne s'est jamais totalement développé.

Ce qui entraîne chez lui une difficulté à accomplir la tâche la plus basique impliquant la mémoire, comme de se rendre quelque part, même s'il y est déjà allé des centaines de fois, de se souvenir du nom des gens qu'il connaît, ou de suivre des instructions données quelques instant auparavant.

De plus, toute action effectuée un jour donné est en fait dépendante du souvenir de cette action – que ce soit de se brosser les dents le matin ou d'avoir un rendez-vous ce jour-là – et c'est quelque chose que John ne peut accomplir.

Il doit s'aider de listes écrites pour chaque chose. Il ne peut non plus se souvenir de quoi que ce soit qui s'est produit dans son passé.

La lésion dans le cerveau de John est centralisée autour du circuit mémoriel primaire, l'hippocampe. Quand l'hippocampe fonctionne bien, chaque instant de la vie est enregistré.

Quand il est endommagé, il faudra batailler pour se souvenir des faits et des événements et dans des cas sévères comme celui de John, les fonctions mémorielles les plus basiques en souffrent.

Le lien surprenant entre mémoire et imagination

Des études à l'aide d'imagerie du cerveau ont révélé de remarquables similitudes dans les schémas d'activité cérébrale quand on se rappelle d'un événement passé et quand on en imagine un dans l'avenir.

Il y a en fait une activation des exactes mêmes zones durant ces deux tâches mentales, et les chercheurs pensent que la raison en est qu'on se sert de nos souvenirs pour assembler une représentation imaginée de l'avenir.

Ce qui veut dire qu'en développant la capacité à se souvenir du passé, à partir de l'âge de 5 ans environ, on développe aussi la capacité à se représenter et imaginer l'avenir.

Pour une majorité de gens, cette aptitude à "voyager dans le temps" en esprit s'affine vers l'âge de 9 ans.

John, par ailleurs, ne peut se projeter mentalement dans le futur, il est donc emprisonné dans un éternel présent, sans futur ni passé. Comme il est dit dans le film, au premier abord, ce pourrait sembler une situation plutôt plaisante.

Il ne ressent pas d'inquiétude, par exemple, parce qu'il ne se souvient pas qu'il existe des choses dont il doit s'inquiéter. Mais le revers de la médaille, c'est qu'il se retrouve dans l'embarras quand on lui demande ce qu'il souhaite pour son propre avenir. En essence, son manque de mémoire du passé lui a dérobé la capacité à s'imaginer dans un scénario futur.

Les bienfaits du voyage mental dans le temps

La possibilité de voyager en esprit dans le temps, à rebours et en avant, réside au cœur des capacités mentales les plus sophistiquées qui nous définissent en tant qu'humains. L'une des raisons de nous soucier du lendemain est de se souvenir de la veille, ce qui nous permet de faire des plans pour créer un meilleur avenir.

Elle nous donne aussi la faculté de penser de manière abstraite, à créer et à résoudre des problèmes. Si personne n'avait de mémoire, aucun programme ne serait établi et nous passerions nos journée à errer au hasard. Nous n'aurions aucune industrie ou technologie moderne – projets qui nécessitent un très bon planning, de l'organisation et un suivi.

La mémoire est une faculté mentale qui a autorisé l'homme à revendiquer son droit d'être au sommet de la chaîne alimentaire, car elle nous permet d'apprendre à partir des erreurs passées et d'imaginer les résultats si nous changeons nos actions.

En bref, la mémoire est essentielle pour la survie de notre espèce. On pense aussi que le langage et les aptitudes à résoudre des problèmes compliqués sont une conséquence directe de la fonction de mémorisation.

Se rappeler ce qu'on préférerait oublier…

Notre mémoire atteint son plein potentiel à l'âge de 25 ans. Le cerveau peut à cette période se souvenir de 200 bits d'information par seconde, tout en gérant les fonctions corporelles en même temps.

Par exemple, pas besoin de réapprendre comment faire du vélo car ce schéma de fonctionnement est engrangé dans la zone primitive réflexe du cerveau. De même, nous pouvons presque tous conduire en "pilotage automatique"en allant au travail, sans avoir besoin d'accorder une pensée réfléchie consciente à la conduite, au freinage et au trajet.

Quand on en vient aux souvenirs, nous avons tendance à nous souvenir davantage des choses importantes pour nous. Malheureusement, des souvenirs traumatisants sont aussi enregistrés avec une incroyable précision, rendant un événement lointain aussi vivace aujourd'hui qu'au moment exact où il s'est produit.

On ne peut supprimer à volonté les souvenirs, ce qui peut avoir des conséquences négatives. On estime qu'à l'âge adulte, 10 % au moins des gens auront vécu quelque chose qu'ils auraient préféré oublier. L'état de stress post-traumatique (ESPT) est le résultat d'une incapacité à oublier un événement traumatisant qui a engendré une détresse émotionnelle sévère.

Le film montre aussi Geneviève qui a subi neuf ans auparavant des agressions sexuelles violentes, lui laissant des empreintes indélébiles. On la voit participer à un projet de recherche dont le but est de savoir si des souvenirs traumatiques peuvent être éliminés avec une médication nommée propranolol (https://fr.wikipedia.org/wiki/Propranolol), un bêta-bloquant utilisé pour traiter les troubles cardiovasculaires et l'anxiété.

Des changements dans la fonction mémorielle furent l'un des effets secondaires à survenir au début de la prise du médicament, ce qui a conduit certains chercheurs à l'envisager pour des patients souffrant de souvenirs douloureux. Comme l'a rapporté le Medical Daily :


"Après avoir analysé les données de diverses études, des chercheurs ont découvert que du propranolol donné avant consolidation de la mémoire réduisait le rappel ultérieur de récits, images et listes de mots perçus négativement. On a également observé une diminution de souvenirs de mots à l'impact négatif ainsi que l'expression de réactions de peur.
Étant donné le rôle pivot des expériences sévères et puissantes dans le développement et la persistance des troubles mentaux, interférer dans la consolidation ou la reconsolidation des souvenirs ouvre naturellement la porte à de nouvelles approches thérapeutiques en psychiatrie."

Traitement du ESPT par désorganisation de la re-création de souvenirs

Les scientifiques savent depuis un siècle que les souvenirs sont stockés dans les connexions entre les cellules nerveuses. Les cellules poussent en se dirigeant les unes vers les autres pour former ces connexions, grâce auxquelles peuvent s'échanger des signaux. Ce qui n'est pas encore compris est la manière dont ces connexions représentent réellement l'expérience qui y est stockée.

Quel que soit le mécanisme, on pense qu'une fois stocké, le souvenir se fixe avec tous ses détails. Mais une récente recherche a découvert que se rappeler un souvenir le rend de nouveau malléable et fluide, et c'est à ce stade que la douleur associée au souvenir peut être réduite par le propranolol. Le médicament semble inhiber les protéines qui permettent au souvenir d'être de nouveau sauvegardé. En prenant le médicament, puis en se remémorant un souvenir, la pulsion émotionnelle qui l'accompagne peut s'atténuer avec le temps.

C'est en fait probablement pourquoi les techniques de libération émotionnelle (EFT, voir ici : http://www.sos-detresse.org/dossiers/technique-liberation-emotionnelle/presentation.htm), une approche psychologique énergétique, fonctionnent bien aussi car elles peuvent aider à reformater les circuits neurologiques servant au stockage des souvenirs douloureux qui contrarient fortement la capacité à vivre pleinement une vie sans souffrance.

Déclin de la mémoire avec l'âge

Comme le reste du corps, le cerveau change avec l'âge. Il n'est pas inhabituel que se produisent aussi des changements dans la mémoire, bien que la plupart des gens s'y adaptent et les compensent très bien, leur permettant de fonctionner normalement. Il n'est pas surprenant que la capacité à former des souvenirs et à se les rappeler dépende de la santé des cellules cérébrales.

Un facteur qui conduit au vieillissement du cerveau est le flux sanguin. Quand il diminue, la matière blanche du cerveau et les connexions entre les différentes régions du cerveau commencent à se détériorer. Quand cela se produit, la fonction pensée se dégrade progressivement.

Les messagers chimiques transmetteurs d'information sont également affectés. En atteignant les 80 ou 90 ans, 50 % environ de ces messagers chimiques auront disparu, ce qui contribue aussi à la dégradation de la mémoire et de la capacité cognitive. Il est à remarquer que si on est bonne santé, on conservera la plus grande partie de sa mémoire. Le vrai problème, c'est lorsque on est rattrapé par ses mauvaises habitudes de vie et que le cerveau commence à se détériorer anormalement.

Cela peut aussi se produire en raison d'accidents neurovasculaires comme l'AVC ou par des maladies neurodégénératives comme l'Alzheimer. Heureusement la science s'est mise à apprécier plus pleinement la neuroplasticité du cerveau pour compenser certains de ces défis.

Quelle est la cause d'une perte de mémoire dévastatrice ?

La maladie d'Alzheimer, une forme sévère de démence, est aujourd'hui la troisième cause majeure de décès aux US, juste après les maladies cardiaques et le cancer. L'une des caractéristiques principales de la maladie est l'amas de protéines toxiques dans le cerveau, particulièrement dans la zone de l'hippocampe, ce qui entraîne des pertes de mémoire. Mais pourquoi ces plaques de protéines ? La recherche moderne a découvert plusieurs facteurs de risque différents qui peuvent jouer un rôle dans la perte générale de mémoire et l'Alzheimer, et la plupart sont directement reliés à des choix malsains de vie.

Parmi eux :

Une alimentation à base d'aliments transformés. D'abondantes études suggèrent que notre alimentation moderne joue un rôle significatif dans cette flambée d'Alzheimer. Les aliments transformés ont tendance à ne contenir pratiquement aucune matière grasse saine, nécessaire à une fonction correcte du cerveau, tout en étant excessivement riches en sucre. Cette combinaison semble être au cœur du problème. La solution est heureusement très simple : manger des vrais aliments et éviter comme la peste les aliments transformés.

La résistance à l'insuline et les diabètes. L'Alzheimer est parfois évoqué comme un "diabète de type 3". Notre cerveau produit en fait l'insuline nécessaire à la survie de nos cellules cérébrales. Une protéine toxique nommée ADDL (amyloid ß-derived diffusible ligand) élimine les récepteurs d'insuline des cellules nerveuses, en les rendant de ce fait résistantes à l'insuline et avec l'accumulation des ADDL, la mémoire commence à se détériorer. Une ancienne recherche avait aussi montré que les diabétiques présentaient un risque doublé de développer la maladie d'Alzheimer. Selon le Dr David Perlmutter, neurologue, tout ce qui va dans le sens d'une résistance à l'insuline élèvera finalement le risque d'un Alzheimer.

Le manque d'exercice. L'exercice encourage le cerveau à travailler à sa capacité optimum en favorisant la multiplication des cellules nerveuses, en renforçant leurs interconnexions et en empêchant leur dégradation. Il existe quantité de preuves que l'exercice améliore les fonctions cognitives et aide à combattre la démence.

Les perturbations du sommeil (comme l'apnée du sommeil, l'insomnie ou l'insuffisance chronique de sommeil). Le manque chronique de sommeil favorise aussi l'Alzheimer en empêchant la détoxification. Le système de traitement des déchets du cerveau, connu sous le nom de système glymphatique, ne fonctionne que durant le sommeil profond. Ce système permet au cerveau de se débarrasser des toxines, y compris les protéines nocives (les ADDL) en lien avec l'Alzheimer. Sans sommeil correct, les déchets commencent à s'accumuler dans le cerveau.

Les principales considérations alimentaires dans la prévention de l'Alzheimer

Une recherche de la clinique Mayo a révélé que les régimes riches en glucides (rapides et lents) augmentent de 89 % les risques de démence alors que les régimes riches en matières grasses réduisent ces risques de 44 % . Très peu de glucides et de sucre associé à de grandes quantités de graisses de bonne qualité sont essentiels non seulement concernant l'Alzheimer, mais aussi les diabètes et les maladies cardiaques, car toutes ces maladies ont pour origine une résistance à l'insuline et à la leptine.

Le comprendre peut rendre la vie beaucoup plus facile. Pas besoin de mémoriser les "il faut" et les "il ne faut pas" de chacune des maladies que vous cherchez à éviter ; il suffit juste de changer son état d'esprit en l'orientant vers une optimisation de la santé. Prévenir les maladies devient alors un "effet secondaire" bénéfique. Mon programme de nutrition optimale peut vous mettre sur le bon chemin. En résumé, les quatre instructions suivantes sont les clés pour entretenir une bonne santé cérébrale et éviter l'Alzheimer :

[Résumé]

Manger de vrais aliments, biologiques dans l'idéal. Évitez les aliments transformés de toutes sortes, car ils contiennent beaucoup d'ingrédients nocifs pour le cerveau, comme le sucre raffiné, les céréales (particulièrement celles avec gluten), les ingrédients transgéniques et les pesticides comme le glyphosate (un herbicide supposé pire que le DDT et le DDT a déjà été relié au développement de l'Alzheimer.

Remplacez les glucides raffinés par de bonnes matières grasses. Le cerveau n'a pas besoin de glucides et de sucre. Les bonnes graisses comme les graisses animales saturées et les oméga-3 d'origine animale sont de loin les plus cruciales pour une fonction cérébrale optimale. Les graisses à ajouter à votre alimentation comprennent :
Les avocats, le beurre au lait cru, les jaunes d’œufs, la graisse de coco (un traitement en soi contre l'Alzheimer), les huiles de fruits oléagineux (noix, noisettes…) non chauffées, les noix de Pécan, de macadamia, les viandes et poissons gras. Évitez toutes les graisses trans ou hydrogénées qui ont été modifiées pour augmenter leur longévité, comme la margarine, les huiles végétales et les divers simili-beurres.

Évitez le gluten et la caséine. Il a été montré que la barrière sang-cerveau est affectée négativement par le gluten. Le gluten rend aussi l'intestin plus perméable, ce qui permet aux protéines d'aller dans le système sanguin où elles sensibilisent le système immunitaire et encouragent l'inflammation qui joue un rôle dans le développement de l'Alzheimer.

Améliorez votre flore intestinale en évitant les aliments transformés, les antibiotiques, l'eau chlorée et en mangeant régulièrement des aliments traditionnellement cultivés et fermentés, ainsi que des probiotiques de très bonne qualité si nécessaire.

Autres stratégies de prévention de l'Alzheimer

En dehors des instructions diététiques mentionnées et d'une durée suffisante de sommeil réparateur, l'exercice aide sans aucun doute à prévenir l'Alzheimer. Il peut constituer une composante importante du traitement.

Le jeûne intermittent. Les cétones sont mobilisés en remplaçant les glucides par de la graisse de coco et autres bonnes graisses. [voir article du BBB sur ce sujet]

Consommez des folates [ou vitamine B9 ou acide folique]. Les légumes sont sans conteste la meilleure forme de folate et nous devrions manger chaque jour beaucoup de végétaux crus et frais. De la vitamine D en suffisance est impératif pour un fonctionnement correct du système immunitaire pour combattre l'inflammation associée à l'Alzheimer. Supplémentez si besoin (au moins 8000 unités par jour). Faites enlever vos amalgames dentaires contenant du mercure.

Éliminez l'aluminium du corps, comme celui trouvé dans les anti-perspirants, le matériel de cuisine, les vaccins.

Certaines eaux minérales riches en silice peuvent aider à l'élimination de l'aluminium.

Faites travailler votre mental. La stimulation mentale, en particulier l'apprentissage de quelque chose de nouveau, comme une nouvelle langue ou jouer d'un instrument diminue les risques d'un Alzheimer.

Par le Dr Mercola
Traduit par Hélios
Vu ici

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.