27 janvier 2015

Porochenko sur un siège éjectable ?

Oleg Tsarev, président du parlement de Novorussie

Le Président du parlement Novorusse, Oleg Tsarev, prévoit la date approximative de la chute de Porochenko sur ordre des états-Unis.

Arseniy Iatseniouk [Premier ministre ukrainien] a déjà donné des ordres pour mener une campagne d’information contre le président ukrainien. Arsen Avakov [ministre de l’Intérieur] est en train de collecter des informations compromettantes sur Porochenko [président de l’Ukraine]. Une exclusivité Ridus.

Le Président du Parlement de Novorussie, Oleg Tsarev, a donné une interview exclusive à Ridus. Il a dit pourquoi les maîtres des marionnettes de l’ambassade des États-Unis à Kiev, associés à Turchinov [président du Parlement ukrainien], Iatseniouk [Premier ministre ukrainien] et à l’odieux oligarque Kolomoysky, toujours en quête de dollars, veulent renverser Porochenko à tout prix.
Ridus: – Oleg Anatolievitch, vous avez dit que les patrons d’outre-Atlantique de Porochenko sont en train de préparer son renversement. Que n’a-t-il pas réussi à faire afin de remplir les attentes du président des États-Unis?

Oleg Tsarev: – Il existe trois groupes de travail sur l’Ukraine dans l’ambassade des États-Unis. Et même s’ils sont en concurrence pour influer sur la politique, tout comme les élites locales sont en concurrence pour obtenir l’approbation des USA, tout le monde est d’accord pour dire que Porochenko doit être remplacé.

Tout d’abord, il a de bonnes relations avec l’ambassadeur de Russie Zurabov et une activité commerciale rentable à Lipetsk, en Russie. Il y a aussi d’autres facteurs que je ne souhaite pas décrire afin de ne pas compliquer davantage la situation.

Ensuite, Porochenko aurait plutôt tendance à conclure la paix avec le Donbass, tandis que les États-Unis ont besoin d’une guerre. Non pas parce que sa conscience le dérange quant aux enfants innocemment tués, mais parce que Porochenko comprend qu’en temps de paix, il aura plus de pouvoir. A ce moment, il deviendrait la deuxième figure politique la plus importante en Ukraine. Tout en haut, le podium serait occupé par l’ambassadeur des États-Unis.

Pendant la durée des opérations militaires, Avakov [ministre de l’Intérieur] a un avantage, il est un protégé de Turchinov et Iatseniouk, qui sont concurrents de Porochenko. Ensuite, il y a Kolomoysky, qui a formé toute une armée dans l’est du pays [Dniepropetrovsk] sur la base d’éléments criminels et qui ne prend pas ses ordres à Kiev. Porochenko ne peut faire face à sa concurrence qu’en temps de paix.
Quels sont les désaccords qui existent entre Porochenko et Iatseniouk, Turchinov, Kolomoysky?

Porochenko a été en conflit avec Iatseniouk et Turchinov depuis que Iatseniouk est devenu premier ministre. Iatseniouk a commencé à gagner beaucoup d’argent grâce à ce travail et ne voulait pas le partager avec qui que ce soit.

Porochenko comprend que l’un d’entre eux (Iatseniouk ou Turchinov) peut occuper le siège du président. Il a tout fait pour exclure Iatseniouk du club politique. Mais le vice-président étatsunien Joe Biden a pris son avion pour Kiev et a insisté pour constituer une grande coalition. Les jeux ont continué jusqu’à aujourd’hui. D’une part Iatseniouk voulait une coalition sans Porochenko, de l’autre, Porochenko voulait une coalition sans Iatseniouk.

Kolomoysky a besoin de ressources pour améliorer son entreprise, qui est dans une situation difficile. Mais Porochenko ne lui a pas accordé de refinancement. Il n’en a bénéficié qu’une seule fois, après qu’il a établi le siège de ses actifs en Crimée. Puis il a jeté ses actifs sur le marché des devises, conduisant à un sursaut de la monnaie nationale.

Actuellement, le taux de change de la grivna est stable uniquement parce que tous les lieux d’échange de devises ont été fermés. Il y a un taux de change officiel, mais les dollars ne peuvent être achetés que par des grands chefs. Le taux de change réel est de 30 à 40% plus élevé que le cours officiel.

Kolomoysky a désespérément besoin d’argent et n’en obtient pas. Cela explique le conflit avec Porochenko. Et, croyez-moi, je connais très bien Kolomoysky. S’il pensait que le conflit était impossible à remporter, il ne l’aurait pas engagé. Kolomoysky considère Porochenko comme un caractère faible.

C’est tout ce qu’il y a dire sur lui. Porochenko n’a personne sur qui s’appuyer. Les États-uniens ne l’apprécient pas outre mesure, les concurrents internes non plus. Le président est donc dans une position critique. Les enjeux sont très élevés. Ses concurrents souhaitent lancer une nouvelle attaque de l’armée, et pourraient tout simplement tuer Porochenko. Pour lui, ce qui est en jeu n’est même pas l’argent, mais sa propre vie.

Comment se préparent les opposants à Porochenko?

Arseniy Iatseniouk a déjà tenu une réunion à huis clos avec Avakov et quelques députés. Iatseniouk leur a confié la tâche d’organiser une campagne d’information contre Porochenko, qui doit apparaître comme le coupable de la catastrophe économique. En plus, ils vont le blâmer pour le cours de la grivna, l’échec de l’opération militaire dans le Donbass, et aussi pour la nomination d’étrangers à des postes ministériels.

Avakov a rassuré tout le monde lorsqu’il a dit qu’il participerait à l’attaque des médias contre Porochenko en fournissant des informations secrètes obtenues à partir des écoutes téléphoniques effectuées sur ce dernier.
Il existe une opinion sur internet soutenant qu’à un certain point, l’Ukraine subira un effondrement de son économie et que le régime actuel à Kiev va simplement se dissoudre. Qu’en pensez-vous?

Les choses ne se produisent pas par elles-mêmes. Il n’y a aucune raison d’être optimiste. Les États-Unis ont de nombreux scénarios. Tout d’abord, ils ont créé toute une flopée de bons et loyaux politiciens. Une fois que le pro-US Porochenko sera parti, il sera remplacé par le pro-US Turchinov ou Iatseniouk. Puis par le maire de Lvov, Sadovy, ou quelqu’un d’autre. Ils sont tous pro-US. Aucun politicien anti-US n’arrivera au pouvoir. Le club est bien protégé et mettra en œuvre la volonté des USA.

Pendant la guerre du Vietnam, les autorités pro-USA de ce pays [le Sud-Vietnam] ont changé de nombreuses fois. Mais la guerre a continué. Chaque nouveau leader faisait porter la responsabilité des échecs à son prédécesseur, et le cycle s’est poursuivi sans pause. La guerre n’a cessé que lorsque le régime communiste du Nord a gagné la guerre. Ni la situation politique, ni les situations militaires et économiques n’ont influencé quoi que ce soit.

Existe-t-il plusieurs scénarios pour le Donbass?

Absolument. Le premier scénario est celui de la confrontation armée, qui montre actuellement ses défauts. Mais les autorités ukrainiennes ont cru avoir suffisamment de puissance militaire pour surmonter la résistance des RPL/RPD [République Populaire de Donetsk et Lougansk]. Ils ont considéré deux variantes: notre élimination complète à nous, les séparatistes ou, au pire, réussir à prendre les trois-quarts de Donetsk et à isoler les deux républiques l’une de l’autre. Mais cela n’a pas fonctionné.

Les forces armées de Novorussie ont opposé une résistance importante et sont maintenant à l’assaut à Avdeevka et Peski afin de faire cesser les bombardements de la région de Donetsk. L’armée ukrainienne est en pleine panique. La route de Donetsk vers Kiev est pleine de véhicules, les nationalistes prennent la fuite avec leur butin. Quelque chose de semblable se déroule dans Marioupol.

Le deuxième scénario est celui de l’isolement économique du Donbass. Les deux républiques séparatistes ne peuvent pas faire tourner leur économie sans soutien extérieur. La Russie sera obligée d’aider. Mais elle est confrontée à un choix. Si elle aide, elle sera punie pour son assistance militaire; si elle n’aide pas, elle sera punie pour son soutien économique [donc la Russie sera punie, peu importe son choix].

En ce moment, aucun des responsables politiques ukrainiens ne parle de restaurer la paix, ni même des relations de bon voisinage avec la Russie. Ils comprennent que les États-Unis contrôleront la situation pendant un certain temps encore, alors ils essaient de survivre avec des slogans anti-russes. Toutefois, certains de mes collègues députés prennent leurs familles avec eux et quittent Kiev pour l’étranger ou d’autres villes, car ils ne veulent pas souffrir de l’absence de pouvoir qui interviendra en cas de coup d’État.
Donc, la tragédie ukrainienne va continuer à faire les gros titres pour une longue période encore?

Si personne ne manifeste d’intérêt pour l’Ukraine, alors oui, pour un temps très long encore. La Russie n’a pas interféré dans la politique ukrainienne depuis plus de vingt ans. Les États-uniens et les Européens ont pu faire librement tout ce qu’ils voulaient dans le pays. Ils ont dépensé des milliards de dollars. Ils ont créé 5 000 ONG, 150 000 employés ont reçu leurs salaires. C’est toute une armée qui obéit aux ordres et a créé le Maïdan lorsque c’était nécessaire.

La Russie a travaillé individuellement avec les membres de l’ancienne élite, ne prêtant pas attention à l’opinion publique. Et ces représentants ne se sont pas toujours acquittés de leurs responsabilités en raison de leur manière de penser. C’était une grosse erreur.

Aussi, quand la CEI [Communauté des Etats Indépendants, regroupant les ex-républiques soviétiques après la chute de l’URSS] a été formée, la Russie s’est engagée à ne pas intervenir sur le territoire d’États adjacents. Cela signifie que pendant longtemps la Russie n’a pas été en mesure d’influencer les pays de la CEI et leurs opinions publiques.

Aujourd’hui, nous ne devons pas laisser la situation se résoudre d’elle-même. Les régimes fascistes en Amérique latine ont survécu pendant des décennies, avec le soutien des États-Unis. Des opposants politiques ont été éliminés, les escadrons de la mort ont fait leur travail, les masses ont souffert de la pauvreté, l’économie a été détruite, mais personne ne pouvait faire quoi que ce soit.
Donc ils vont renverser Porochenko, mais les paisibles citoyens continueront de mourir… Les accords de Minsk ne sont pas mis en œuvre, la réunion sous le format « Normandie » a été annulée…

La Russie est en train d’essayer d’établir une sorte de relation avec Porochenko. Mais s’il est renversé, ce sera un tout autre pays.

Des gens encore plus russophobes arriveront au pouvoir, un noyau dur de marionnettes états-uniennes qui n’ont aucun lien avec la Russie.

Porochenko a parlé de sa présidence trois ans déjà avant d’arriver au pouvoir. Il est venu à Moscou, il a rencontré les gens les plus influents. Porochenko, comme vous pouvez vous en souvenir, a été ministre des Affaires étrangères, il a d’excellents contacts.

Je sais que le renversement est prévu pour l’anniversaire du Maïdan. Le 15 février, il y aura un rassemblement national à Kiev. Et c’est tout à fait possible que le soir vers 20 heures, il se transforme en une attaque armée contre l’administration du président, comme cela s’est passé avec Ianoukovitch, l’ancien président.

Porochenko comprend parfaitement bien les risques. Il a déjà créé un groupe de travail pour prévenir un coup d’État. Ses membres sont des fonctionnaires très haut placés dans les ministères de pouvoir et d’autres dans les administrations qui supervisent les structures de pouvoir.

Note:

Opinion du traducteur: la compréhension de Tsarev à propos de la politique intérieure ukrainienne est certainement à nulle autre pareille. En revanche, je mettrais en question sa connaissance du degré d’intérêt et d’implication des États-Unis. Il est clair que le gouvernement états-unien a essayé d’obtenir une victoire géopolitique facile en attirant l’Ukraine dans son orbite. Mais ni les États-Unis, ni l’UE ne montrent un intérêt quelconque à payer le coût du maintien du régime actuel au pouvoir. Il y a une différence majeure entre l’approche actuelle des États-Unis et les politiques adoptées au cours de la guerre froide, quand le gouvernement états-unien dépensait des milliards de dollars pour d’autres marionnettes fascistes.

Porochenko est plus susceptible d’être renversé en raison du manque de soutien des États-Unis que par un coup d’État à l’initiative de ces derniers. En outre, il faut garder à l’esprit que si Porochenko doit de nouveau être renversé, il sera difficile pour les États-Unis de justifier un soutien financier à un gouvernement ukrainien qui aurait encore pris le pouvoir par la violence. Il n’y a pas non plus d’indications que les USA prévoient d’ouvrir les robinets une fois Porochenko aux oubliettes, et il n’y a pas de campagne médiatique anti-Porochenko en Occident, ce qui serait un signe de l’imminence d’un renversement. Les personnes qui sont susceptibles de le faire renverser, comme le Secteur Droit, ne suivent pas les ordres des États-Unis – ou de n’importe qui d’autre, d’ailleurs. Ce renversement serait simplement une réaction à la faiblesse du système actuel, imputée non seulement à Porochenko, mais aussi à Iatseniouk, Turchinov, et tous les autres. Qui sont aussi vulnérables que Porochenko, déjà parce que c’est le visage de Iatseniouk qui est associé à la thérapie de choc, pas celui de Porochenko.

Traduit du russe par J. Hawk
Traduit de l’anglais par Thomas relu par jj et Diane
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