24 juillet 2014

Pour essayer de comprendre les réalités de notre monde...


Voici différents extraits de The Active Side Of Infinity, de Carlos Castañeda, paru en 1998, et cités dans le livre Ces Mondes Qui Nous Gouvernent de Laura Knight Jadczyk.

À découvrir avec discernement… et à mettre en relation avec l’article sur Le Souverain Intégral, le dossier de Karmapolis sur les Aliens, prédateurs clones et reptiliens, et le blog L’Harmonie des Sphères

Les numéros de pages en gras renvoient vers le livre de Carlos, ceux en italique vers le livre de Laura.

Certains passages sont répétés plusieurs fois, quelques différences apparaissent dans la traduction, sans diminuer le sens des propos, et cette légère répétition aide à appréhender ces concepts…

pp.218-220 – pp.342-343


Don Juan dit:

"Nous avons un prédateur venu des profondeurs du cosmos, qui s’est emparé du contrôle de nos vies. Les humains sont ses prisonniers. Le prédateur est notre seigneur et maître. Il nous a rendus dociles, sans défense. Si nous voulons protester, il supprime nos protestations. Si nous voulons agir de manière indépendante, il exige que nous ne le fassions pas. [...]

"Ils se sont emparés de nous parce que nous sommes de la nourriture pour eux, et ils nous pressent sans merci parce que nous sommes leur subsistance. [...]

"Pensez-y un moment et dites-moi comment vous pourriez expliquer la contradiction entre l’intelligence de l’homme ingénieux et la stupidité de ses systèmes de croyance, ou la stupidité de ses comportements contradictoires. Les sorciers croient que nos prédateurs nous ont donné nos systèmes de croyance, nos idées du bien et du mal, nos mœurs sociales. Ce sont eux qui ont créé nos espoirs, nos attentes et nos rêves de succès ou d’échec. Ils ont mis en nous la convoitise, l’avidité, et la couardise. Ce sont les prédateurs qui nous ont rendus complaisants, routiniers et égocentriques.. [...]

"Afin de nous garder obéissants, dociles et faibles, les prédateurs ont entrepris une manœuvre étonnante – étonnante naturellement du point de vue du stratège combattant. Une manœuvre horrible du point de vue de ceux qui la subissent. Ils nous ont donné leur mental ! M’entendez-vous ?! Les prédateurs nous ont donné leur mental. Le mental du prédateur est baroque, contradictoire, morose, rempli de la crainte d’être découvert à tout instant."

pp. 213-220 – pp.358-359


Don Juan à Carlos Castañeda, au sujet du prédateur et des premières observations de ce dernier:

"Ah, ça c’est l’univers en liberté" dit-il, "incommensurable, non-linéaire, au-delà de l’univers de la syntaxe. Les sorciers de l’ancien Mexique ont été les premiers à voir ces ombres fugitives, et ils les ont donc suivies. Ils les ont vues comme tu les vois toi, et ils les ont vues comme de l’énergie circulant dans l’univers. Et ils ont découvert quelque chose de transcendant. [...] Ils ont découvert que nous avons un compagnon de vie… Nous avons un prédateur venu des profondeurs du cosmos, qui s’est emparé du contrôle de nos vies. Les êtres humains sont ses prisonniers. Le prédateur est notre suzerain et maître. Il nous a rendus dociles, sans défense. Quand nous voulons protester, il ignore notre protestation. Quand nous voulons agir de manière indépendante, il ne le veut pas. [...]

"Par tes seuls efforts, tu es arrivé à ce que les anciens chamanes du Mexique appelaient le sujet des sujets. Jusqu’ici j’ai tourné autour du pot, en te disant que quelque chose nous retient prisonniers. Nous sommes effectivement prisonniers ! Cela était un fait confirmé pour les sorciers de l’ancien Mexique.

"Pourquoi est-ce que ce prédateur a pris le contrôle de la manière que vous avez décrite Don Juan" Demandais-je. Il doit y avoir une explication logique."

"Il y a une explication", répondit Don Juan, "qui est la plus simple du monde. Ils ont pris le contrôle parce que nous sommes de la nourriture pour eux, et ils nous pressent sans merci parce que nous sommes leur subsistance. Tout comme nous élevons des poulets dans nos basses-cours, ainsi les prédateurs nous élèvent dans des cages à humains. Ainsi, leur nourriture leur est toujours disponible".

Je sentis que ma tête tremblait violemment. Je n’étais pas capable d’exprimer mon profond sentiment de malaise et de frustration, mais mon corps bougeait pour le faire remonter à la surface. Je tremblais des pieds à la tête, sans pouvoir m’arrêter.

"Non, non, non, non", m’entendis-je dire. "Ceci est absurde, Don Juan. Ce que vous êtes en train de me dire est monstrueux. Cela ne peut pas être vrai, ni pour des sorciers, ni pour l’homme de la rue, ni pour personne".

"Pourquoi non?" Demanda calmement Don Juan. "Pourquoi non? Parce que cela te met en fureur?"

"Oui cela me met en fureur" rétorquais-je. "Ces affirmations sont monstrueuses!" [...]

"Je veux faire appel à ton sens analytique", dit Don Juan. "Réfléchis un moment, et puis dis-moi comment tu expliquerais la contradiction entre l’intelligence de l’homme ingénieux et la stupidité de ses comportements contradictoires. Les sorciers croient que les prédateurs nous ont donné leurs systèmes de croyance, nos idées du bien et du mal, nos coutumes sociales. Ce sont eux qui décident de nos espérances, nos attentes, nos rêves de succès ou d’échec. Ils ont mis en nous la convoitise, l’avidité, et la couardise. Ils ont mis en nous la convoitise, l’avidité, la couardise. Ce sont les prédateurs qui nous rendent complaisants, routiniers et égocentriques.." [...]

"Mais comment peuvent-ils faire cela, Don Juan?" demandais-je, rendu encore un peu plus furieux par ce qu’il disait. "Est-ce qu’ils nous murmurent ces choses à l’oreille pendant notre sommeil?"

"Non, ils ne font pas ainsi. Cela est idiot!" Dit Don Juan en souriant. "Ils sont infiniment plus efficaces et organisés que cela. Pour nous garder, obéissants, dociles et faibles, les prédateurs se sont engagés dans une manœuvre époustouflante – époustouflante du point de vue du stratège combattant, cela va de soi. Une manœuvre horrible du point de vue de celui qui en pâtit. Ils nous ont donné leur mental! M’entends-tu? Les prédateurs nous ont donné leur mental, qui est devenu notre mental. Le mental des prédateurs est baroque, contradictoire, morose, rempli de la crainte d’être découvert à tout instant à présent."

Don Juan poursuivit: "Je sais que, même si tu n’as jamais souffert de la faim… tu as peur d’avoir faim, ce qui n’est pas autre chose que l’anxiété du prédateur qui craint qu’à tout instant sa manœuvre puisse être découverte et que la nourriture lui sera refusée. Par le mental, qui après tout est leur mental, les prédateurs injectent dans la vie des humains, tout ce qui leur convient. Et ils assurent de cette manière un certain degré de sécurité qui agit comme un tampon qui amortit cette peur."
pp. 231-233 – pp. 367-371

Castañeda écrit:

Don Juan avait dit que par la discipline il était possible à tout un chacun de rapprocher l’énergie corporelle du corps physique. Normalement la distance entre les deux est énorme. Une fois l’énergie corporelle à une certaine portée, qui varie pour chacun de nous, n’importe qui peut, par la discipline, en faire l’exacte réplique de son corps physique – c’est-à-dire un être concret, en trois dimensions. De là l’idée des sorciers d’un alter-ego ou d’un double. De la même manière, et par les mêmes processus de discipline, n’importe qui peut faire de son corps physique concret en trois dimensions, une réplique parfaite de son corps énergétique – c’est-à-dire une charge éthérique d’énergie, invisible à l’œil humain, comme l’est toute énergie. [...]

Don Juan a expliqué que les sorciers voient les petits enfants humains comme d’étranges boules d’énergie lumineuse, couvertes de haut en bas d’une pellicule luisante, comme d’une couverture de plastique qui serait étroitement ajustée à leur cocon d’énergie. Il a dit que cette pellicule luisante de conscience est ce que consomment les prédateurs, et que quand l’être humain atteint l’âge adulte, tout ce qui reste de cette pellicule de conscience est une étroite bande qui va du sol au sommet des orteils. Cette bande permet aux humains de continuer de vivre, mais à peine.

…À sa connaissance, l’homme était la seule espèce à posséder cette pellicule luisante de conscience à l’extérieur du cocon lumineux. C’est pourquoi l’homme devient une proie facile pour une conscience d’un ordre différent, comme la pesante conscience du prédateur.

Il a dit que cette étroite bande de conscience était l’épicentre de l’auto-réflexion, où l’homme est irrémédiablement piégé. En jouant sur notre auto-réflexion, qui est le seul point de conscience qui nous soit laissé, les prédateurs créent des éclairs de conscience qu’ils se mettent à consommer sans remords, comme le font les prédateurs. Ils nous donnent des problèmes ineptes qui forcent ces éclairs de conscience à apparaître, et de cette manière ils nous gardent en vie afin de pouvoir se nourrir des éclairs d’énergie de nos pseudo-soucis.

Tout ce que nous pouvons faire c’est de nous discipliner de façon à ce qu’ils ne nous touchent plus. Comment pouvez-vous demander à votre prochain de passer par les rigueurs de cette discipline? Il rira de vous, se moquera de vous. Les plus agressifs vous battront à mort, non pas parce qu’ils ne le croient pas: au plus profond de chaque être humain il existe une connaissance ancestrale, viscérale, de l’existence des prédateurs.


Carlos dit:

Mon esprit analytique a fait des allées et venues comme un yoyo. Ce que Don Juan suggérait était absurde, incroyable. En même temps, c’était une chose des plus raisonnables et si simple. Cela expliquait toutes les sortes de contradiction humaine auxquelles je pouvais penser. Mais comment pouvait-on prendre ce la au sérieux? Don Juan me poussait sur le chemin d’une avalanche qui allait m’emporter à jamais.

Don Juan:

"Quand le doute vous accable à un degré dangereux, il faut faire quelque chose de pragmatique. Éteignez la lumière, percez l’obscurité, découvrez ce que vous pouvez voir. [...] Les sorciers de l’ancien Mexique voyaient le prédateur. Ils l’ont appelé "le volant" (en anglais Flyers) parce qu’il s’élance dans les airs. Ce n’est pas beau à voir. C’est une grande ombre, impénétrablement sombre, une ombre noire qui saute en l’air. Puis elle atterrit à plat sur le sol. Les sorciers de l’ancien Mexique étaient très mal à l’aise avec cette idée quand il a fait son apparition sur Terre. Ils ont fait le raisonnement que l’homme doit avoir été jadis un être complet, avec une intuition extraordinaire, des actes de conscience qui sont devenus mythes et légendes de nos jours. Et puis, tout a semblé disparaître, il reste à présent un homme assoupi.

"Ce que je veux dire c’est que nous n’avons pas en face de nous un simple prédateur. Il est très intelligent et bien organisé. Il adopte un système méthodique pour nous rendre inutiles. L’homme, l’être magique qu’il est destiné à être, n’est plus magique. Il est devenu un vulgaire morceau de viande. Il n’y a plus de rêves pour l’homme, seulement les rêves d’un animal qui est élevé pour devenir un morceau de viande: banal, conventionnel, imbécile.

"La seule alternative laissée à l’humanité est la discipline. La discipline est la seule arme de dissuasion. Mais par discipline, je n’entends pas de durs exercices routiniers. Je n’entends pas se lever chaque matin à 5h30 et s’asperger d’eau froide à en devenir bleu.Les sorciers entendent la discipline comme la faculté de faire face dans la sérénité à l’adversité qui n’est pas incluse dans nos attentes. Pour eux, la discipline est un art: l’art de regarder l’infini en face sans broncher, non pas parce qu’ils sont forts et durs, mais parce qu’ils sont remplis d’une crainte respectueuse.

"Les sorciers disent que la discipline rend désagréable au goût la pellicule luisante de la conscience, pour le "volant". Le résultat est que le prédateur est déconcerté. Et une pellicule de conscience qui luit mais est immangeable, ils ne connaissent pas ça, je suppose. Après avoir été surpris ils n’ont d’autre recours que de mettre fin à leur déplaisante tâche.

"Si les prédateurs arrêtent de consommer notre pellicule luisante de conscience pendant un moment, cette pellicule repousse. Pour simplifier ceci à l’extrême, je pourrais dire que les sorciers, grâce à leur discipline, repoussent loin assez les prédateurs pour permettre à leur pellicule luisante de conscience de s’étendre au-delà du niveau des orteils. Une fois qu’elle a dépassé le niveau des orteils, elle repousse à sa taille naturelle. Les sorciers de l’ancien Mexique avaient l’habitude de dire que la pellicule luisante de conscience est comme un arbre. Si elle n’est pas élaguée elle reprend sa taille et son volume naturels. Lorsque la conscience atteint un niveau plus élevé que celui des orteils, de prodigieuses manœuvres de perception deviennent le lot ordinaire.

"Le grand truc de ces sorciers des temps anciens était d’alimenter le mental des volants en discipline. Ils ont trouvé que s’ils chargeaient de silence intérieur le mental des volants, ce qui était installé par l’extérieur s’en allait, ce qui donnait à chacun des praticiens engagés dans cette manœuvre la totale certitude de l’origine étrangère du mental. Ce qui a été installé par l’extérieur revient, je peux vous l’assurer, mais n’est plus aussi fort, et un processus se met en route, jusqu’à ce qu’un beau jour il parte définitivement. Un triste jour plutôt! Car c’est le jour où il vous faut compter sur vos propres dispositifs, qui sont pratiquement nuls. Il n’y a personne pour vous dire ce qu’il faut faire. Il n’y a plus de mental d’une origine étrangère pour vous dicter les imbécilités auxquelles vous êtes accoutumé. C’est le jour le plus dur dans la vie d’un sorcier, car le mental réel qui nous appartient, la totalité de nos expériences, après une vie de domination, est rendu timide, inquiet et instable. Personnellement, je dirais que le vrai combat du sorcier commence à ce moment. Le reste n’est que préparation.

"La discipline pèse infiniment sur l’esprit étranger. Donc, par leur discipline, les sorciers vainquent ce qui a été installé par des étrangers. Le mental du volant s’en va à jamais quand un sorcier réussit à capter la force vibrante qui nous tient ensemble comme un agglomérat de champs d’énergie. Si le sorcier maintient cette pression assez longtemps, le mental des volants disparaît, vaincu.

"Quand nous sommes déchirés par des luttes internes, c’est parce que, très profondément, nous savons que nous sommes incapables de refuser le contrat qui est une partie indispensable du soi: la luisance pellicule de conscience va servir de source de nourriture à d’incompréhensibles entités. Et une autre partie de nous-mêmes se rebellera de toutes ses forces contre cette situation.

"La révolution des sorciers est qu’ils refusent d’honorer des accords dans lesquels ils ne sont pas parties prenantes. Personne ne m’a jamais demandé si je consentais à être mangé par des êtres d’une espèce différente de conscience. mes parents m’ont mis au monde seulement pour être de la nourriture, tout comme eux, mais voilà comment l’histoire se termine."


Castañeda écrit:

"De retour chez moi, à mesure que le temps passait l’idée des volants est devenue une obsession. J’en suis arrivé au point où j’ai senti que Don Juan avait absolument raison en ce qui les concernait. J’avais beau essayer, je ne parvenais pas à écarter cette logique. Plus j’y pensais, plus j’en parlais avec et observais mon entourage, plus intense devenait la conviction que quelque chose nous rendait incapables d’aucune activité, d’aucune interaction ou d’aucune pensée qui n’aurait pas le soi comme point d’attraction. [...] Le résultat de ma lutte intérieure fut un pressentiment, la sensation que quelque chose d’éminemment dangereux s’approchait de moi.

J’ai fait des recherches anthropologiques approfondies auprès d’autres cultures sur le sujet des volants, mais je n’ai trouvé nulle part aucune autre référence.

(commentaire de Laura Knight Jadczyk)

Apparemment, Carlos n’a pas lu Shamanism de M. Eliade, ni Passport to Magonia de J. Vallée. Ces ouvrages sont remplis de références historiques et anciennes aux êtres que Don Juan appelle des "volants".

Don Juan dit à Carlos:

"Le mental des volants ne t’a pas quitté. Il a été sérieusement blessé. Il est en train de faire un maximum pour essayer de renouer sa relation avec toi. Mais quelque chose en toi a disparu à jamais. Le volant sait cela. le vrai danger est que le mental du volant parvienne à gagner en te fatiguant et en te forçant ainsi à abandonner, en faisant jouer les contradictions entre ce qu’il dit et ce que je dis moi.

"Vois-tu, le mental des volants n’a pas de concurrents. Quand il propose quelque chose, il est d’accord avec sa propre proposition, ce qui te fait croire que tu as accompli quelque chose de valable.Le mental du volant te dira que tout ce que je te dis est pur non-sens, et puis le même mental acquiescera à sa propre proposition. Voilà la manière dont ils triomphent de nous.

"Les volants sont une partie essentielle de l’univers et il faut les prendre comme ils sont vraiment: terribles, monstrueux. Ils sont les moyens mis en place par l’univers pour nous mettre à l’épreuve.

"Nous sommes des sondes énergétiques créées par l’univers et c’est parce que nous possédons de l’énergie dotée d’une conscience que nous sommes les moyens par lesquels l’univers devient conscient de lui-même. Les volants sont des challengers implacables. Si nous réussissons, l’univers nous permet de continuer."

…J’aurais en fait voulu rentrer immédiatement chez moi [...] mais avant d’atteindre ma maison, Don Juan s’assit sur un haut rebord surplombant la vallée. Pendant un moment il ne dit rien. Il n’était pas hors d’haleine. Je n’avais aucune idée de la raison pour laquelle il s’était arrêté pour s’asseoir.

"Pour toi" dit-il ex abrupto d’un ton prophétique , la tâche du jour est l’une des choses les plus mystérieuses en sorcellerie; quelque chose au-delà du langage, au-delà des explications… Alors, soutiens-toi en t’appuyant contre ce mur de rocher, aussi loin que possible du bord. Je serai près de toi au cas où tu t’évanouirais ou si tu tombais… Croise les jambes et entre dans le silence intérieur, mais ne tombe pas endormi."

Il me fut assez difficile d’entrer dans le silence intérieur sans tomber endormi. Je luttai contre une terrible envie de dormir. J’y réussis, et me trouvai en train de regarder le fond de la vallée alors que j’étais entouré d’une obscurité épaisse. Et puis, je vis quelque chose qui me glaça jusqu’à la moelle des os. Je vis une ombre gigantesque, d’environ 4m50 d’envergure, sauter dans les airs et retomber avec un choc silencieux. Je ressentis le choc dans mes os, mais je ne l’entendis pas.

"Ils sont vraiment très lourds", me glissa Don Juan à l’oreille. Il me tenait le bras gauche, aussi fort qu’il le pouvait.

Je vis quelque chose qui ressemblait à une ombre boueuse se tortiller sur le sol, puis faire encore un bond gigantesque en longueur, de peut-être 15m, et retomber avec ce même choc silencieux. Je devais lutter pour ne pas perdre ma concentration. J’étais effrayé de manière indescriptible. Je gardai mes yeux fixés sur l’ombre bondissante au fond de la vallée. Puis j’entendis un bourdonnement très particulier, un mélange de bruits d’ailes et de bourdonnement d’une radio dont on essaierait d’ajuster la fréquence pour atteindre une station émettrice; et le choc sourd qui suivi fut inoubliable. Il nous secoua jusqu’aux os Don Juan et moi – une gigantesque ombre boueuse venait d’atterrir à nos pieds.

"N’aie pas peur", dit impérieusement Don Juan. "Garde ton silence intérieur et elle partira".

Je tremblais de la tête aux pieds. Je savais très clairement que si je ne gardais pas présent mon silence intérieur, alors l’ombre boueuse s’étendrait sur moi comme une couverture et me suffoquerait. Sans perdre de vue l’obscurité qui m’entourait, je criai le plus fort que je pus. Jamais je ne m’étais senti autant en colère, si totalement frustré. L’ombre boueuse fit un autre saut, manifestement vers le fond de la vallée. Je continuai à crier en secouant mes jambes. Je voulais me débarrasser de ce qui pourrait venir pour me manger."


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