25 juillet 2014

La livre turque remporte le match contre le dollar


A l'issue d'une rencontre entre le ministre du Développement économique de Russie Alekseï Oulioukaev et son homologue turc Nihat Zeybekci en marge du G20 des entrepreneurs en Australie Ankara a proposé à Moscou de passer aux règlements en roubles et en livres turques.

Selon les experts, une des raisons de l'abandon du dollar est la position de l'administration américaine. Plus particulièrement ses décisions imprévisibles sur des sanctions unilatérales contre de tels ou tels participants au marché international.

Le professeur Oya Akgönenç Mugisuddin, chef de chaire des relations internationales de l'Université Ufuk d'Ankara et docteur ès sciences politiques, a confié à La Voix de la Russie son opinion sur l'impact de ces sanctions unilatérales sur la situation dans le monde.

« Les sanctions sont un instrument de droit international acceptable dans les relations entre les Etats. Cependant le recours aux sanctions doit répondre à toute une série de conditions. Qui introduit des sanctions ? Lesquelles ? Contre qui ? A quelle fin et sur quelle base ?

Dans chaque cas concret il doit être question non seulement des sanctions en tant que telles, mais aussi de la compétence de l'arbitre se prononçant en leur faveur. L'instauration des sanctions unilatérales fait monter la tension dans l'ensemble du système des relations internationales. L'ordre mondial devient plus vulnérable, les structures économiques sont exposées à une pression. Le climat négatif général exerce une incidence sur les intérêts de l'initiateur des sanctions ».

Est-ce la raison pour laquelle de nombreux pays européens ont renoncé au recours à des sanctions antirusses ?

Sans aucun doute. Car chaque pays qui doit prendre une décision relative à la politique extérieure se guide au premier chef sur ses propres intérêts. Bruxelles a d'abord soutenu les sanctions américaines contre la Russie, mais plus tard il a rebroussé chemin. Parce qu'elles étaient contraires aux intérêts des pays de l'UE.

Les Européens et la Russie ont des liens historiques, politiques et économiques profonds. Un certain rôle a été joué par la méfiance croissante vis-à-vis des Etats-Unis qui espionnent leurs partenaires européens. En plus, Washington demande une soumission inconditionnelle aux Européens, notamment eu égard aux sanctions. Cette approche irrite les pays de l'UE.

Face à la politique de sanctions imprévisible des Etats-Unis les pays deviennent plus nombreux à opter pour la monnaie nationale dans les échanges internationaux. La Turquie ne fait pas exception. Le ministre des Affaires économiques de Turquie Nihat Zeybekci a proposé d'utiliser le rouble et la livre turque dans les paiements entre nos deux pays. Que pensez-vous de cette perspective ?

Ces dernières années le monde a vécu une série de crises économiques et financières. Ces crises ont touché aussi bien les Etats-Unis que les pays européens. Elles résultent de l'inefficacité des institutions financières internationales en place et de l'utilisation d'une seule monnaie dans les échanges commerciaux internationaux. Tous les pays ne possèdent pas une économie aussi puissante et leur propre monnaie forte. L'attachement à une seule monnaie est lourd de conséquences néfastes. Il suffit de constater les problèmes de certains pays européens pour la seule raison d'avoir adhéré à la zone euro.

Cependant la Turquie a été ménagée par la crise. Cela tient dans une grande mesure au fait que notre pays n'est pas membre de l'UE et n'utilise pas l'euro dans son commerce extérieur. La Turquie a gagné grâce à l'utilisation de la monnaie nationale dans ses transactions commerciales avec les voisins, la Russie comprise. A présent elle tente d'élargir cette pratique. Tous les pays agissent en premier lieu dans leurs intérêts. Aujourd'hui nous trouvons intérêt à utiliser les monnaies nationales et à ne pas dépendre du dollar ou de l'euro ».

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